Historique de Marseille
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le 08/03/24
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L’actualité du LAM | Le cours à l’Observatoire Historique de Marseille |
| Mis à jour le 08/03/24 |
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| Fausses informations en astronomie | |||||||
Mensonges, canulars, fausses informations délibérées, sont aussi vieux que l’humanité. Ils touchaient en général une cible bien précise, qui en était la seule victime. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : avec tous les moyens numériques, la diffusion de masse permet de toucher facilement un très grand nombre de cibles, et l’ampleur prise par ce phénomène en fait un vrai sujet.
Toutes les informations fausses ne sont pas des infox, beaucoup sont des erreurs dues à l’ignorance. Diffuser une erreur est plutôt négatif pour son auteur : elle le discrédite. De nombreuses fausses informations sont des canulars, qui permettent à ceux qui les produisent de rire aux dépends des naïfs qui les lisent ! Le reste contient une volonté de tromper. Cette tromperie s’explique par le bénéfice qu’en tire l’auteur, bénéfice qui peut être de diverses natures.
Pour l’internaute, les désagréments sont tout aussi variés. Ils peuvent aller d’une simple incitation à un achat, jusqu’à changer l’avenir d’un pays. Il est donc raisonnable de chercher à s’en prémunir, dans toute la mesure du possible.
À cause de la grande diversité des infox, il n’existe pas de méthode générale pour les détecter et s’en prémunir. C’est plutôt une affaire de bon sens et de vigilance. Toutefois, les étudier quelque peu, analyser quelques exemples, permet d’en reconnaître une bonne partie. Nous donnerons ici quelques pistes, mais vous trouverez de nombreuses autres études intéressantes sur Internet.
Le réseau Internet a révolutionné la communication. Elle est maintenant à la portée de tout le monde, sans entraves ni contrôle. Terrain idéal pour le mensonge qui en a profité, à un tel point qu’il a fallu un mot pour décrire sa nouvelle forme : le vieux mot français fallace (duperie, tromperie), a été proposé, mais il a été jugé vieillot, et n’a pas été retenu.
On a alors forgé un nouveau mot, construit sur information et intoxication. Cette construction indique donc la sémantique : il s’agit d’une fausse information, diffusée pour intoxiquer ! Il a été proposé par la Commission d’Enrichissement de la Langue Française, puis publié au J.O. le 04/10/2018. L’administration doit l’utiliser, mais il n’est que recommandé par ailleurs. Il s’est cependant vite imposé.
Infox est l’équivalent de l’anglais fake news, créé avant, probablement à la suite des mensonges propagés par le gouvernement américain pour justifier la guerre en Irak. Il a été utilisé aussi pour qualifier les affirmations de Boris Johnson, qui ont influencé le vote en faveur du Brexit. On peut trouver bien d’autres exemples, plus récents;
L’infox produit un bénéfice à son auteur, sans quoi il ne s’agit que d’une erreur ou d’un canular (s’amuser de la naïveté des personnes qui propagent un canular est le but, dont l’auteur se contente). Des infox, l’auteur tire un bénéfice réel, qu’il soit direct ou indirect. Les buts poursuivis sont divers. Par exemple, le profit est direct si des publicités sont attachées à l’infox ; celle-ci attire, les publicités sont diffusées avec, et l’auteur rétribué. C’est souvent le cas pour les infox en astronomie.
Il est indirect si l’avantage provient de la modification de comportement produite sur les personnes touchées par l’infox : il s’agit d’influence. Le but recherché n’est pas atteint au moment de la lecture, mais plus tard. Un nouveau métier (efficace et bien payé) est apparu récemment : influenceur. Ce nom veut tout dire ! Nous sommes influencé et perdons notre libre arbitre.
Pour obtenir un bénéfice maximum, l’auteur d’une infox souhaite la diffuser le plus largement possible. L’infox doit donc être attirante, pour forcer le lecteur à poursuivre sa lecture ; le temps moyen passé par un internaute sur un site n’est en effet que de quelques secondes en moyenne... Pourquoi cette brièveté ? Sans doute parce que les moteurs de recherche sélectionnent mal les pages correspondant aux mots-clé donnés. De ce fait, la plupart des pages que nous atteignons ne satisfont pas nos attentes, ce que nous détectons très vite.
Lorsque l’attention du lecteur a été captée, il faut en tirer parti, c’est-à-dire provoquer des réflexes de sa part. Il y a bien des mécanismes qui le permettent.
La rapidité de la diffusion est cruciale, pour que le but soit atteint le plus vite possible, et pour ne pas laisser le temps à des démentis de se diffuser. Internet est le support idéal pour satisfaire ces deux conditions.
Pour être efficace, la diffusion doit être massive : il ne suffit pas de toucher une personne, mais toute une population. Elle nécessite la collaboration des internautes. Collaboration inconsciente naturellement (d’où l’attractivité indispensable), sinon il faudrait la rétribuer... Cette collaboration crée une nouvelle condition : il faut mettre l’internaute dans un état d’esprit qui l’amène à la diffuser à son propre carnet d’adresses, pour en démultiplier l’impact ! Pour cela, on lui donne l’impression d’être privilégié, d’accéder à une information extraordinaire, dont il doit vite faire profiter ses relations !
Malgré tout, certains internautes soupçonnent la supercherie, et ne diffusent pas. La caisse de résonance est donc constituée de personnes qui ne détectent pas la supercherie, d’ignorants en quelque sorte, ou bien qui réagissent immédiatement sans se poser de questions sur la pertinence.
Sommes-nous ignorants ? Malheureusement oui, dans la plupart des domaines. L’humanité a acquis, au fil des siècles, tant de connaissances, qu’il est impossible à une seule personne d’être compétante dans tous les domaines (c’était l’idéal de l’Honnête Homme du XVIIe siècle, siècle des lumières). Il n’est donc pas honteux d’ignorer un domaine de la connaissance, mais ce n’est pas une excuse pour propager ces infox !
La propagation avec le concours des internautes est très rapide, et l’infox se répand comme une traînée de poudre. Par exemple, si chaque personne la transmet à 2 autres seulement (à la première étape, 2 personnes sont touchées ; à la seconde 4, à la troisème 8 et ainsi de suite...), au bout de 10 étapes, ce sont 1 024 personnes qui sont touchées ! En 20 étapes, c’est un million de personnes...
Si chacun transmet à 3 personnes, le million est atteint en 13 étapes, et avec 4 cibles, en 10 étapes seulement. Ce mécanisme est donc d’une efficacité redoutable, à la seule condition d’entraîner efficacement ce réflexe de la part des internautes.
Ce qui est pire, c’est que par le jeu des connaissances, chacun peut recevoir ce même message de plusieurs provenances. Alors, puisque plusieurs amis la transmettent, c’est qu’ils lui accordent leur confiance... Cette multiplicité en renforce donc la crédibilité !
Les réseaux sociaux offrent cette possibilité aux internautes, en leur proposant les boutons like et partager. Ceci est une incitation importante, et permet de propager les infox d’un simple clic...
La première chose que l’internaute voit est le titre, placé sur une page d’accueil. Sa présentation est de ce fait capitale, et décide de toute la suite.
Il existe de multiples moyens pour le rendre attractif. Il doit présenter une information :
Les éléments de cette liste, évidemment non exhaustive, partagent un aspect : plus c’est choquant ou inattendu, plus c’est attirant... En effet, on a l’impression d’ignorer quelque chose que certains connaissent ! La curiosité nous pousse à cliquer.
Une technique pour créer une infox tient en ces deux mots :
Le ressort de cette méthode tient dans l’exaltation d’une petite vanité : on est flatté d’appartenir à une caste savante.
Si on fait jouer son esprit critique, on doit le faire jusqu’au bout ! Le discours officiel ne doit pas lui échapper ! Lui aussi doit être passé au crible de la raison...
Les média traditionnels, journaux, chaînes de télévision... ont une certaine déontologie. Ce qui ne les empêche pas d’avoir une ligne éditoriale, et de ne pas être neutres vis-à-vis de l’information, on en est parfois fort loin. Mais ils prennent garde en général à ne pas colporter ce genre de mensonges.
Par contre, sur Internet, il n’y a aucun filtre, aucune déontologie, et l’anonymat permet bien des dérives. Il n’est pas étonnant que ce soit le lieu de prédilection de ces infox, grâce à la facilité de diffusion.
La publicité consiste à rendre publique une information, la diffuser. Les entreprises ont utilisé le cinéma, avant la télévision, pour inciter à acheter leurs produits. On notera que cette forme de diffusion se nommait réclame. Ce terme ayant paru péjoratif, on lui a substitué le mot publicité, mais on ne doit pas s’y tromper, il cache la même réalité ! Il est même inaproprié, puisque son but réel n’est pas de faire connaître, mais bien de faire acheter... Cette publicité cherche donc à influencer nos comportements, pour nous faire acheter des objets dont nous n’avons souvent pas besoin.
Mais la véritable influence est bien pire, elle touche à des comportements plus fondamentaux qu’un simple achat. Elle est une perte de liberté.
Deux exemples se présentent : le premier concerne la guerre en Irak, voulue par le gouvernement américain, qui avait besoin de l’accord onusien pour la justifier. C’est ce qui les a motivés à exhiber devant la tribune de l’ONU, le 5 février 2003, une fiole censée contenir le bacile de l’anthrax. Ils ont montré aussi des photos prises depuis des satellites, assorties de commentaires falsifiés. Tout cela pour prouver que l’Irak disposait d’armes de destruction massive, qui n’ont d’ailleurs jamais été trouvées ! A posteriori donc, la guerre n’était pas justifiée, mais elle a été faite.
Le second exemple est celui du Brexit, les électeurs anglais ayant été trompés longuement et massivement sur les échanges financiers entre l’Union Européenne et l’Angleterre. Le résultat a été atteint, le Brexit voté, et bien des Anglais regrettent amèrement leur vote aujourd’hui.
On pourrait certainement trouver d’autres exemples, plus proches... L’avenir d’un pays démocratique dépend donc de ces influences, faites pour des raisons diverses, mais jamais avouables. Comment une telle entrave à nos libertés fondamentales pourrait-elle l’être ?
Une autre forme concerne les informations, vraies, mais conservées hors de la sphère médiatique, pour les mettre sur le devant la scène le jour où leur impact sera maximum ! Ceci nécessite un travail de longue durée, en profondeur, consistant à réunir des dossiers sur certains organismes ou personnes, pour pouvoir les utiliser au moment opportun. On peut en trouver quelques exemples très facilement.
Il est donc important de faire un petit effort pour être capable de détecter ces infox. Il n’y a pas de recette miracle pour cela, car elles sont très diverses. Leurs auteurs utilisent en effet tous les moyens possibles pour arriver à leurs fins, et il serait illusoire de vouloir les lister. Aussi, la meilleure façon d’aborder ce problème est d’examiner et d’analyser quelques cas. Elle est aussi moins rébarbative qu’un discours théorique... Nous allons donc en examiner un échantillon dans ce qui suit. Nous nous bornons au domaine de l’astronomie, mais les méthodes pour toucher et tromper l’internaute sont les mêmes partout.
L’imagination humaine n’ayant pas de bornes, il y a évidemment de nombreux types d’infox ; tenter de les énumérer serait vain, fastidieux et inutile. Il est plus pertinent d’analyser leur formation, même si là aussi on ne pourra pas être exhaustif.
Les infox sont partout. Il est évident que les plus nocives concernent la politique, car elles influencent les choix de chacun, et au bout du compte entraînent les peuples dans des directions qu’ils n’ont choisies que par la ruse de certains influenceurs. Nous ne verrons ici que celles qui ont rapport avec l’astronomie. Appliquez-leur les techniques d’analyse données plus haut.
Extrait du documentaire télévisé scientifique de la BBC l’Univers aux sources du Big Bang :
Le Télescope Spatial Hubble est la mission la plus importante de l’histoire de l’Humanité
Ce télescope a rendu d’immenses services, et a permis de rédiger d’innombrables articles scientifiques, qui ont eux-même fait avancer considérablement l’astronomie. Mais dire que c’est la mission la plus importante de l’histoire de l’Humanité nécessiterait au moins de préciser selon quels critères. Qu’appelle-t-on mission ? Il faudrait restreindre ce terme aux seules missions spatiales... Faire progresser l’astronomie est, à nos yeux d’astronomes, particulièrement important. Par contre, pour un médecin, peut-être l’invention du scanner présente-t-elle de grands avantages ? En fonction de quoi mettra-t-on le HST devant le scanner ? On pourrait bien sûr trouver de nombreuses autres réalisations humaines capitale (le LHC pour notre compréhension de la matière par exemple).
Une telle affirmation est donc tout simplement ridicule ! Dénuée de sens, elle n’est qu’une propagande, mélange de bêtise et de vanité... On pourrait la comparer à la plus belle avenue du monde...
La même source indique que :
Edwin Hubble a démontré l’existence d’autres planètes en dehors de la Voie Lactée
Hubble a prouvé que les nébuleuses spirales, comme on les appelait alors, étaient en fait des regroupement d’innombrables étoiles, bien trop éloignées pour qu’on les distingue dans les télescopes utilisés avant lui. Grâce au télescope de 2,50 m de l’observatoire du Mont Wilson, il a pu séparer ces étoiles pour les spirales les plus proches. On a alors changé leur nom en galaxies spirales.
On a attribué bien d’autres découvertes à Hubble, mais l’affirmation ci-dessus n’est qu’une ânerie. Si on l’analyse, on découvre facilement :
Une analyse plus poussée de cette affirmation permet d’entrevoir la confusion de l’auteur : si on remplace le mot planète par galaxie, alors l’énoncé devient presque correct ! Encore que Hubble n’a pas découvert ces objets ; il a montré quelle est leur nature...
Il est peu probable que l’auteur de ce documentaire scientifique ait voulu désinformer ! Mais laisser passer une telle erreur dans un film censé apporter des informations scientifiques est tout de même dommageable...
L’idéologie détermine des conditions hors sol : elles sont imposées sans considérations les attestant. Ce sont des dogmes, que l’on doit accepter. On en trouve des exemples dès l’Antiquité.
Pour les philosophes Grecs :
Ce dogme, imposé pour des raisons esthétiques, a servi de base à l’astronomie pendant une quinzaine de siècles ! Les dernières tables du mouvement des planètes, basées sur ce dogme, sont les tables Alphonsines (établies sur l’ordre d’Alphonse X de Castille au XIIIe siècle). Elle n’ont été supplantées que par les tables Rudolphines publiées en 1627 par Johanes Kepler, fondées sur les trois lois qu’il avait découvertes, et bien plus précises.
En utilisant les excellentes mesures de positions de Tycho Brahé, Kepler a pu construire l’orbire de Mars, montrer que c’est une ellipse, puis formaliser les deux autres lois. Le dogme antique du mouvement circulaire uniforme parfait était abandonné définitivement...
Sans être des infox à strictement parler, ces idéologies ne se rattachent pas au réel.
Voici un exemple de véritable infox, construit de manière très simple : on prend une information véritable, on en supprime une partie : ce qu’il reste a des chances d’être faux, étant placé hors contexte. En voici un bel exemple :
Le 27 août 2003, avec un grossissement de 75 fois, Mars apparaîtra aussi grosse que la Lune à l’œil nu
Ceci est une information véritable, scientifiquement exacte. Elle indique une date, signale l’utilisation d’un instrument (lunette ou télescope) donnant un grossissement de l’image de 75 fois, enfin compare l’image télescopique de Mars avec la Lune vue à l’œil nu.
Le 27 août 2003, Mars était à l’opposition, c’est-à-dire au plus près de la Terre. Son disque était plus grand que d’habitude, mais toujours indicernable à l’œil nu ! Mais grossi 75 fois, il arrivait à 30 minutes d’arc, soit la taille de la Lune vue sans instrument... L’information est donc bien exacte.
Mais elle a été transcrite sour la forme abrégée :
Le 27 août 2003, Mars apparaîtra aussi grosse que la Lune à l’œil nu
La référence à un instrument grossissant l’image de Mars a été supprimée, et le texte devient absurde ! Le pire était à venir, car il a été encore tronqué :
Le 27 août, Mars apparaîtra aussi grosse que la Lune à l’œil nu
Maintenant, ce texte peut être publié chaque année ! Même si Mars est au plus loin de la Terre...
Dans quel but certains diffusent-ils ce genre de bêtise ? Mystère... Il n’y a pas de profit apparent, et seul le plaisir de se moquer des lecteurs semble visible.
Si on reçoit cette information, que doit-on en penser ? Supposons qu’elle soit exacte. Mars est une planète un peu plus grosse que la Lune. Si on la voit de la même taille, c’est qu’elle est à peine un peu plus loin. Elle ne tourne pas autour de la Terre, comme la Lune ; alors, aussi proche et sur une trajectoire non contrainte, la collision avec la Terre serait inéluctable !!
Avant d’être aussi proche, il est évident que Mars aurait grossi progressivement dans le ciel... ce qui n’aurait échappé à personne ! Cette remarque suffit à prouver que c’est une ineptie. Et si sa lecture vous choque, c’est peut-être un indice.
Un simple point d’interrogation à la fin d’une phrase suffit à en changer le sens. D’affirmation, il passe à interrogation. Cependant, la première impression du lecteur est bien une affirmation ! C’est la base de ce genre d’infox. Même si la question est posée, le doute est insinué. Voici un exemple de cette forme :
Des poches de Vie dans l’atmosphère de Vénus ?
La recherche de la Vie dans l’Univers est à la mode, parce que nous avons, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, des moyens qui pourraient la détecter. Les exoplanètes sont naturellement des cibles de choix. Mais le système solaire offre des planètes à portée de main (ou presque), où la vie aurait pu apparaître. Le problème est clairement posé pour Mars, mais pour Vénus, les conditions à la surface sont épouvantables. Alors, pourquoi pas en altitude ? De la vie flottant dans les nuages ? L’idée n’est pas totalement loufoque ; mais si on regarde de près, les nuages de Vénus sont pimentés à l’acide sulfurique... De la vie adaptée à de telles conditions est difficile à concevoir, mais nous ne pouvons l’écarter
Cette question insinue qu’il pourrait y avoir de la vie dans l’atmosphère de Vénus, alors que nos connaissances nous incitent à penser le contraire, et que rien ne vient les contredire pour l’instant !
Cette forme d’expression est voisine de la précédente. Le conditionnel joue le même rôle que le point d’interrogation. La phrase est perçue comme affirmative, mais le conditionnel apporte une modération. Si jamais un démenti est publié, on ne pourra pas critiquer l’auteur, puisqu’il n’a pas vraiment affirmé ce qu’il avance... Voici un bel exemple !
Un vaisseau spatial plus rapide que la lumière pourrait bientôt exister
L’espoir de voyager assez vite pour franchir les espaces intergalactiques, comme dans les films, est envisagé ! La fiction devient réalité... Accourez bonnes gens !!
Enfin, ce n’est pas encore fait, tout de même ! Ça pourrait....
Scientifiquement, que dire ? La réponse est simple : selon la Relativité, qui est attestée par d’innombrables observations, jamais mise en défaut, c’est tout simplement impossible ! La science est en marche : ce qui est vrai aujourd’hui peut être remis en cause demain. Mais à l’heure actuelle, RIEN ne remet en cause la Relativité Einsteinienne. Absolument rien. Alors, prétendre voyager plus vite que la lumière, c’est-à-dire la remettre en cause, est simplement ridicule. Pour le faire, il faudrait apporter des arguments vraiments solides, basés sur des observations ou des expériences reproductibles. Il en faudrait d’autant plus, que la théorie est mieux assurée. Aucun indice ne va dans ce sens.
Aussi, on peut affirmer que le conditionnel ici ne cache qu’une impossibilité ! On ne peut, si on est scientifiquement honnête, affirmer que quelque chose ne sera jamais réalisé. Mais a contrario, il est malhonnête de prétendre le contraire !
Un vaisseau spatial plus rapide que la lumière n’a aucune chance d’exister, dans un avenir envisageable...
Le titre étant ce que l’on voit en premier, son importance est capitale. Aussi, le auteurs d’infox mettent beaucoup de soin à les rédiger. En voici trois exemples :
Des scientifiques pensent avoir percé les secrets de la machine d’Anticythère.
Des chercheurs pensent avoir résolu la mystère de la propagation des plantes.
Des scientifiques pensent avoir localisé le berceau de l’Homme moderne.
On voit vite qu’il sont tous de la forme : une autorité prétend progresser vers l’inconnu.
L’information est passée en douceur mais, donnée par cette autorité, elle est sans doute vraie, même si on ne peut l’affirmer !
L’intelligence artificielle est un ensemble de techniques informatiques, qui visent à donner à un ordinateur des compétences paraissant humaines. Bien qu’on soit encore fort loin de l’intelligence humaine, il est des domaines où les progrès sont époustouflants. L’un d’eux est la reproduction de vidéos, dans lesquelles on peut faire dire ce qu’on veut à la personne que l’on veut (il suffit de posséder un échantillon de vidéo représentant cette personne).
Ceci est potentiellemnt très dangereux. Si on ne voit pas trop de risques dans le domaine astronomique (pour l’instant), on peut imaginer les ravages possibles en politique...
Pour lutter contre cette Intelligence Artificielle, la seule parade est d’activer notre Intellignece Naturelle...
Normalement, une information est publiée lorsque le fait qu’elle rapporte se produit. On a cependant vu quelques exemples d’informations, vraies sur le fond, mais qui ont été retenues (dissimulées ?) au moment des faits. Et qui sont publiées et répétées par les media longtemps après, mais pas n’importe quand ! Juste au moment où leur impact sera maximum !... C’est une excellente façon d’influencer le comportement des personnes, en particulier le comportement électoral...
Si on vous rapporte une information concernant des faits anciens, une question s’impose ; pourquoi la publie-t-on maintenant ? Quel impact a-t-elle sur vous ? Si elle est de nature à vous influencer, à changer votre point de vue, est-elle assez importante pour cela ? Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Certaines infox sont tellement loin de la vérité qu’on ne peut les expliquer que par une volonté délibérée de tromper. C’est le cas pour l’exploration de la Lune : les américains ne seraient jamais allés sur notre satellite. De nombreuses preuves en sont données, mais elles sont tout aussi mensongères les unes que les autres.
On a maintenant quelques sondes en orbite autour de la Lune, qui ont photographié les sites d’alunissage américains. On y voit distinctement les étages de descente du LEM, qui sont restés sur place. On y distingue même les traces de pas !
Par ailleurs, tous les arguments techniques concernant une impossibilité des missions sont faux. Les ordinateurs n’avaient, parait-il, pas la puissance suffisante pour assurer les missions. Mais ils ne contrôlaient que la trajectoire du vaisseau, et leur puissance était bien suffisante pour cela.
Cette erreur est assez largement répandue aujourd’hui, spécialement aux USA. Elle découle probablement d’une idée complotiste : puisqu’on me dit que la Terre est ronde, c’est sûrement faux, donc elle est plate.
Il est pourtant très simple de constater le contraire. Si vous croyez la Terre plate, téléphonez donc, en milieu d’après-midi, à un ami habitant à Nouméa. Après vous être fait injurier un moment, vous comprendrez qu’en même temps, il faut jour en certains endroits de la Terre, et nuit en d’autres. Si la Terre était plate, ceci serait impossible. À l’heure des télécommunications mondiales, une telle croyance est contraire à l’évidence. Elle est de nature idéologique, admise quels que soient les faits qui pourraient la contredire.
On peut aussi observer une éclipse de Lune, et constater que l’ombre de la Terre sur la Lune est ronde. Si la Terre était plate, cette ombre apparaîtrait elliptique, plus ou moins aplatie. Ce n’est jamais le cas. Mais pour admettre un tel argument, il faut évidemment réfléchir aux positions relatives possibles d’un disque par rapport au Soleil.
La peur est un un levier puissant pour influencer ! En instillant un doute, une crainte, on peut facilement modifier le comportement de la cible, la contraindre dans ses choix. Dans notre domaine, on en voit quelques exemples, qui reviennent d’ailleurs de façon quasi cyclique.
Le premier est l’annonce de la fin du monde ! Prédite de nombreuses fois, elle ne s’est jamais produite... En particulier, elle a été annoncée par la fin d’un cycle ésotérique du calendrier Maya. Le cycle a pris fin, et rien ne s’est passé. La nature se soucie peu de nos superstitions.
Pour la fin du monde, la devise des Shadocks s’applique : plus ça rate, plus on a de chances de réussir. En effet, le Soleil finira bien par épuiser ses réserves d’énergie, et détruira la Terre dans sa phase géante rouge. Mais c’est pas demain la veille !
Un autre moyen de provoquer la peur est d’envisager la chute d’un astéroïde sur la Terre. Il en tombe tous les jours, de masse très faible, et totalement innofensifs. Plus la masse augmente, plus la fréquence de chute diminue. Pour un gros objet capable de provoquer une catastrophe mondiale comme celui de Chicxulub, la fréquence est de l’ordre d’un tous les 100 millions d’années. C’est rare, mais grave. Par conséquent, le ciel risque de nous tomber sur la tête, mais la probabilité que ce soit d’ici demain matin est infime.
On est capable aujourd’hui de détecter des objets proches de la Terre, et d’en trouver qui frôlent notre planète plus ou moins dangereusement. Pour l’instant, on n’a rien trouvé de dramatique, et on envisage des moyens de dévier des objets inquiétants. La peur n’est donc pas vraiment nécessaire !
On trouve bien d’autres exemples d’exploitation de la peur, pour nous influencer...
Les infox sont très diverses, et seuls l’esprit critique et la vigilance peuvent nous en préserver : ne jamais gober une annonce sensationnelle sans se poser de questions à son sujet.
Nous avons toutefois vu quelques méthodes utilisées pour les rendre attrayantes et les propager, dont la connaissance et la compréhension sont des aides pour s’en prémunir. En présence d’une information qui nous paraît extraordinaire, la méfiance doit être de rigueur. Plus on a envie de cliquer pour savoir, plus on doit se méfier !
On doit retourner l’arme des auteurs contre eux : Internet, utilisé pour propager ces mensonges, est aussi une merveilleuse mine d’information, quand on sait s’en servir. Pour le cas décrit plus haut, Mars aussi grosse que la Lune, il est facile de faire une recherche, et de se rendre compte de son impossibilité.
Nous ne sommes donc pas désarmés pour contrer ces infox. Les internautes qui déjouent les pièges ne les propagent pas, et les auteurs en sont pour leurs frais.
On voit bien que le niveau de culture d’une personne est essentiel contre ces problèmes. Plus on est cultivés, mieux on est protégés. D’où le grand intérêt de propager la vraie culture, qui est comme un vaccin contre ces mensonges.
«Fake news : ce qu’en disent la philosophie, la sociologie, l’informatique, l’économie et le droit».
Dossier de presse CNRS, https://www.cnrs.fr/sites/default/files/press_info/2018-07/dp_fake_news_vnonum_0.pdf
«Et si les OVNIs n’existaient pas ?», Michel Monerie, 1977
«L’hypothèse sociopsychologique : ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas», Jacques Scornaux,
http://scepticismescientifique.blogspot.com/2009/08/lhypothese-sociopsychologique-ce-quelle.html
«L’invention du Big Bang», Jean-Pierre Luminet, 1997
«Croyances et idées fausses en astronomie», hors série des Cahiers Clairaut n° 13, octobre 2020.
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