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le 08/03/24
 L’apport des femmes astronomes
 

 

Depuis la Préhistoire, les humains regardent le ciel, et cherchent à le comprendre. Dans les temps les plus anciens, avant l’invention de l’écriture, ils ne nous ont laissé que quelques traces, essentiellement les premiers rudiments de cadrans solaires et de calendriers. Il est évident que nous ignorons tout de leurs auteurs. Il a fallu attendre l’Antiquité pour que des noms nous parviennent, et dès cette époque, des femmes se signalent.

Les femmes astronomes ont eu des rôles divers, de plus ou moins grande importance. Certaines se sont contenté d'aider leur mari ou leur frère, et n'ont rien publié par elles-même. Ce qui ne diminue pas l'importance de leur travail, car il a été souvent déterminant. D'autres ont eu un rôle de premier plan, que ce soit par leurs résultats directs, ou par l'impulsion qu'elles ont donné à des recherches.

C'est le cas de Nicole Reine Lepaute, qui a produit énormément de travail par elle-même et fait avancer la mécanique céleste, mais elle a aussi communiqué sa dynamique en particulier à Laplace.

Certaines ont fait des découvertes de première importance pour le développement de la science. Tout particulièrement, Henrietta Leavitt a donné l'outil indispensable pour mesurer l'Univers, et par conséquent faire de l'astrophysique. En effet, sans connaître la distance des étoiles, nous ignorerions quelle quantité d'énergie elles émettent, et par suite comment elles fonctionnent.

D'autres ont posé les bases de la compréhension des étoiles : types spectraux et classes de luminosité, ouvrant la porte à l'indispensable diagramme HR. Quel que soit le niveau auquel elles ont travaillé, elles n'avaient rien à envier, à leur époque, à leurs confrères masculins.

Aglaonice de Thessalie

Grecque, ayant vécu au IIe avant J.-C., elle est considérée comme la première femme astronome, mais on ne sait pratiquement rien de plus la concernant.

Hypatie

Hypatie, fille de Théon, est née en Grèce vers l’an 360, elle a été assassinée en 415.

Elle et son père étaient les derniers représentants connus de l'école d'Alexandrie.

Hypatie était mathématicienne et astronome.

Elle a écrit des commentaires sur les textes de Diophante et d’Apollonius. En astronomie, elle a commenté l’Almageste de Ptolémée, et enseigné la construction des astrolabes.

 

Sophie Brahé

Sophie Brahé, sœur cadette de 10 ans de Tycho Brahé, est née en 1559, et décédée en 1643.

Elle a touché à beaucoup de domaines, dont la chimie qu’elle appliquait à la médecine, et à la botanique. Elle a créé un jardin célèbre dans la propriété de son premier mari. Elle a surtout travaillé sur la généalogie des grandes familles scandinaves. Elle a étudié aussi l’alchimie et... l’astrologie !

Mais pour ce qui nous intéresse surtout, elle a aidé son frère dans ses observations astronomiques et, à 16 ans, elle a découvert avec lui une étoile nouvelle, que Tycho a nommée nova stella, et qui est maintenant reconnue comme la supernova de Tycho.

Elle a appris l’astronomie dans des livres, son frère ne voulant pas la lui enseigner. La mort de son mari l’a rapprochée de Tycho, qui l’a finalement reçue à Uraniborg, où elle lui a apporté de l’aide. Elle a concouru au travail de relévé des positions des planètes, en particulier Mars. C’est sur ces données que Kepler a bâti un peu plus tard ses trois lois du mouvement des planètes. Par la suite, Newton a découvert la gravitation universelle en utilisant les lois de Kepler.

Élisabeth Hévélius

Elisabetha Catherina Koopmann est née en 1647 et décédée en 1693. Elle est la seconde épouse de Johannes Hevelius, mathématicien et astronome germano-polonais de Dantzig (aujourd’hui Gdansk). De 36 ans plus jeune que son mari, elle a trouvé dans cette union l’opportunité de pratiquer l’astronomie, tandis que son mari y gagnait une collaboratrice.

Elle a observé pendant de longues années avec Hévélius, pour établir le catalogue d’étoiles que celui-ci avait entrepris.

Après le décès de son mari, elle a poursuivi seule les observations, terminé et publié le catalogue de 1 564 étoiles, dernier catalogue établi par des observations à l’œil nu !

 

Émilie du Châtelet

En forme longue : Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet ! Elle est née le 17 décembre 1706 à Paris, et décédée le 10 septembre 1749 à Lunéville. Vivant au siècle des lumières, elle était à la fois femme de lettres, mathématicienne et physicienne.

Elle a épousé le marquis du Chatelet en 1725, qui lui a laissé tout loisir de poursuivre ses études, en particulier d’apprendre les mathématiques avec Maupertuis et Clairaut.

En 1733, elle se lie durablement avec Voltaire. Algarotti, comte vénitien et ami de Voltaire, après avoir lu les Entretiens, a voulu faire œuvre semblable pour présenter le travail de Newton. Émilie du Châtelet commence la traduction des Principia Mathematica en 1745, la termine en 1749 et décède trois jours après ! Cet ouvrage a fait connaître en France les travaux de Newton.

Elle a aussi travaillé sur la force vive (énergie cinétique) œuvre de Leibniz.

Nicole Reine Lepaute

Nicole Reine Étable est née à Paris le 5 janvier 1723, et décédée le 6 décembre 1788.

Elle a épousé l’horloger Jean-André Lepaute, qui est devenu horloger du Roi, et qui l’a soutenue dans son travail de mathématicienne-astronome. Le seul moyen de déterminer les orbites des planètes à l’époque, avec leurs perturbations réciproques, était de résoudre numériquement les équations différentielles à la main ! Pour obtenir les résultats souhaités, il fallait des semaines de travail pénible, là où un ordinateur moderne effectue les calculs en quelques minutes... C’était donc un travail assez obscur, mais indispensable, sans lequel la théorie n’aurait pu avancer.

Elle a cartographié l’éclipse annulaire de Soleil du 1e avril 1764, calculé des parallaxes, réalisé des tables du Soleil, de la Lune et des planètes, et publié un mémoire d’astronomie.

Halley avait annoncé le retour de sa comète pour l’année 1758, sans tenir compte des perturbations de Jupiter et Saturne. Nicole Reine Lepaute pensait que cette date était fausse, et Clairaut avait élaboré des formules de calcul. Elle a fait les calculs avec Lalande, et annoncé le retour de la comète pour avril 1759. Ce retour s’est produit le 13 mars, l’erreur étant due à une connaissance imprécise des masses des planètes perturbatrices.

Reine Lepaute a ensuite travaillé sur les dates de passages de Vénus devant le Soleil de 1761 et 1769. Leur observation précise, depuis deux points éloignés sur Terre, devait donner la parallaxe du Soleil, c’est-à-dire sa distance à la Terre. Ces observations étaient donc capitales. Il fallait déterminer précisément les instants des passages. Reine Lepaute a fait ces calculs, et constitué une équipe d’observateurs. Après ce travail, les distances dans le système solaire ont été connues.

Avec tous ces travaux, elle a participé pleinement à l’essor de la Mécanique Céleste, avec les mécaniciens bien plus réputés que sont Lalande et Clairaut. Il est donc assez injuste que son nom et son œuvre soient si peu connus.

Commerson a donné à la rose du Japon, nouvellement importée par Bougainville, le nom de Pautia en son honneur. Jussieu l’ayant renommée Hortensia, Nicole Reine Lepaute s’est vue parfois affublée du prénom Hortense, qu’elle n’a jamais porté !

Mary Somerville

Mary Fairfax est née le 26 décembre 1780 à Jedburgh (Écosse), et décédée le 28 novembre 1872 à Naples.

L’éducation donnée par ses parents a été limitée. Mais le précepteur qu’ils ont engagé pour son frère l’a remarquée, et lui a prodigué des leçons officieusement. Son oncle Thomas Somerville lui enseigne le latin. Elle apprend seule l’algèbre et la géométrie. Mariée une première fois, habitant à Londres, elle peut continuer ses études, jusqu’à la mort de son mari en 1807. De retour en Écosse, veuve et riche, elle se marie avec William Somerville son cousin, qui la soutient dans ses travaux scientifiques.

Laplace lui fait une réputation flatteuse, qui a servi sa carrière. Il lui a fait parvenir un exemplaire de son Système du monde (Mécanique Céleste), qu’elle a traduit en anglais sous le titre Mechanism of the Heavens, publié en 1831. Cet ouvrage a fait connaître le travail de Laplace aux anglophones. Cette traduction a servi très longtemps en Angleterre.

Elle a écrit plusieurs ouvrages de physique, mais son impact le plus important est sans doute sa discussion dans l’un d’eux sur les perturbations du mouvement d’Uranus. Elle a incité John Cough Adams à chercher une planète perturbatrice, et à trouver une solution au problème. Mais l’astronome royal de Greenwich n’a pas cru à ce travail, et n’a pas cherché la nouvelle planète.

Caroline Herschel

Née à Hanovre le 16 mars 1750, et décédée le 9 janvier 1848, Caroline est la sœur cadette de 12 ans du célèbre astronome anglais William Herschel.

Pratiquement inconnue à l’ombre de son frère, elle l’a pourtant fortement secondé : pendant qu’il observait, elle notait ses indications. Ceci permettait à William de conserver sa pupille dilatée, sans éclairage génant pour lui. Elle a ainsi participé très largement à la rédaction du catalogue que voulait constituer son frère. Ce catalogue a servi de base à John Herschel, fils de William, qui a établi l’équivalent pour le ciel austral. Elle a personnellement découvert 8 comètes, dont la comète 35P/Herschel-Rigollet. Elle a découvert cette comète seule en 1788, mais le nom de Rigolet lui est accolé parce qu’il l’a redécouverte en 1939.

Elle a également découvert des nébuleuses.

Mais son travail le plus novateur concerne la forme de la Voie Lactée. Obtenue par comptage d’étoiles, elle place le Soleil au centre, puisque ses observations n’ont pas atteint les limites de la Voie Lactée. Mais elle a déjà donné une certaine forme allongée à notre Galaxie.

Époque récente

Nous arrivons maintenant à une époque plus proche, et les personnes mentionnées ont apporté de véritables révolutions dans les connaissances astronomiques. Ceci ne diminue pas le mérite des précédentes, qui travaillaient dans des conditions plus modestes, mais dont la contribution a été souvent essentielle.

Parmi elles, on notera le harem de Pickering ! Ce nom familier, peu flatteur, correspond au groupe des Harvard computers, calculatrices de Harvard. Il s’agit d’un groupe de femmes, allant jusqu’à 80, engagées à partir de 1875 pour exécuter les tâches minutieuses et répétitives dont Pickering avait besoin pour accomplir la tâche qu’il s’était fixée : cataloguer toutes les étoiles connues à l’époque, à partir de plaques photographiques, ainsi que leurs spectres. Les spectres devaient permettre une classification des étoiles, et constituaient la nouveauté par rapport aux catalogues antérieurs qui ne contenaient guère de paramètres physiques des étoiles.

Leur salaire, inférieur à celui des hommes, permettait d’en engager davantage pour le même budget. Et la masse de travail le nécessitait, puisque tous les calculs étaient faits à la main ; le catalogue comprend 225 550 étoiles ! Il faut noter que Pickering n’était pas satisfait du travail accompli par les hommes à son service auparavant...

Williamina Fleming

Williamina Stevens est née à Dundee en Écosse le 15 mai 1857, décédée à Boston le 21 mai 1911.

Après son mariage avec James Fleming, elle s’installe à Boston. Elle est engagée par Pickering, la première, pour commencer le catalogue d’étoiles. Elle a été suivie par Mary Draper, veuve de Henry Draper, qui a financé une partie du projet. Le catalogue produit par Pickering a été nommé catalogue Henry Draper.

Elle a classé les étoiles en catégorie distinguées par des lettres, de A à Q. La classe A est celle dont les spectres montrent le plus d’hydrogène, cette teneur décroissant jusqu’à la classe Q qui n’en contient pratiquement pas.

Cette première classification a été revue ensuite, mais le principe est resté le même.

Annie Jump Canon

Annie Jump Canon est née le 11 décembre 1863, et décédée le 13 avril 1941.

Elle intègre en 1896 l’équipe des calculatrices de Pickering. Elle doit travailler sur le catalogue des étoiles jusqu’à la magnitude 9, commencé par Henry Draper.

Elle a créé une classification des étoiles, inspirée de celle de Williamina Flemming, mais en supprimant de nombreuses classes, et en les réordonnant. Le système ABC...Q, est devenu OBAFGKM. C’est la classification de Harvard, toujours en vigueur aujourd’hui.

Annie Canon a même ajouté une subdivision numérique, un chiffre de 0 à 9 placé à droite de la lettre, et qui donne une classification plus fine. Ceci est possible parce que la classification par type spectral (les lettres) correspond à une température décroissante : les étoiles O sont les plus chaudes, et les M les plus froides.

Le chiffre ajouté divise donc chaque classe en 10 sous-classes, et donne une indication précise de la température effective de l’étoile.

Antonia Maury

Version longue : Antonia Caetana de Paiva Pereira Maury, est née le 21 mars 1866 et décédée le 8 janvier 1952. Elle est la nièce de Henry Draper.

Elle travaille sur les spectres stellaires et publie le premier catalogue de types spectraux. Elle en déduit une nouvelle classification des étoiles basée sur la largeur des raies d’absorption, et dans laquelle elle distinguait deux classes selon la luminosité

C’est la première mention des classes de luminosité actuelles, séparant les naines des géantes. Cette classification n’a pas convaincu Pickering... Cependant, Hejnar Hertzsprung en a compris l’intérêt, et l’a utilisée pour contruire le diagramme qui devait devenir le diagramme HR, avec la coopération de Henry Russel. Le classement d’Annie Jump Canon représente la coordonnée horizontale du diagramme, alors que le classement d’Antonia Maury représente la coordonnée verticale.

Antonia Maury a également travaillé sur Shéliak (béta Lyrae), montrant qu’il s’agissait d’une étoile double orbitale.

Henrietta Leavitt

Henrietta Leavitt est née le 4 juillet 1868, décédée le 12 décembre 1921.

Elle a été engagée comme calculatrice, pour aider Pickering dans ses recherches. Il lui a confié l’étude des étoiles variables dans le Petit Nuage de Magellan. Elle devait relever la magnitude de ces étoiles sur des plaques photographiques.

Par rapport à la distance du Petit Nuage, les écarts de distance entre deux de ses étoiles sont négligeables en première approximation : elles sont toutes à la même distance de nous. De ce fait, leur magnitude apparente mesurée est équivalente à leur magnitude absolue (elle diffèrent d’une constante, fonction de la distance du Petit Nuage). Henrietta Leavitt a alors constaté que la luminosité des variables du Petit Nuage est proportionnelle à sa période : plus longue est la période, plus lumineuse est l’étoile.

La relation période-luminosité qui en découle a été formalisée par Einar Hertzprung. Elle est à la base de l’astrophysique : pour déterminer les propriétés physiques d’une étoile, il est indispensable de connaître sa distance. Sans cela, sa luminosité, la quantité d’énergie qu’elle émet, est inconnue, et par suite tout son fonctionnement.

La période d’une Céphéide est facile à mesurer sur sa courbe de lumière. Grâce à la relation période-luminosité, on obtient la luminosité L de l’étoile. Par la loi de Pogson M = - 2,5 log10 L + cste, on en déduit la magnitude absolue M. Il ne reste plus qu’à appliquer la relation m - M = 5 log10 d - 5 pour obtenir la distance. Par cette méthode, la seule mesure de la période permet de déterminer la distance de l’étoile !

Les variables concernées par cette relation sont les Céphéides, des étoiles très lumineuses, visibles de très loin. On peut mesurer leur période jusqu’à une distance de l’ordre de 50 à 100 millions d’AL. Cette relation, découverte par Henrietta Leavitt, a permis de découvrir la distance d’un ensemble d’étoile, et par suite d’étudier leurs propriétés. C’est la naissance de l’astrophysique.

Elle s’est basée sur la distance commune de toutes les céphéides observées, l’épaisseur du Petit Nuage étant très faible par rapport à sa distance à la Terre. La relation obtenue était donc déterminée à une constante près, qui a été déterminée par Shapley (il fallait déterminer la distance d’une seule céphéide). Certains ouvrages lui attribuent d’ailleurs à tort cette relation.

Henrietta Leavitt n’a pas pu continuer de travailler sur ce sujet, pourtant primodial, car Pickering ne lui en a pas laissé le loisir.

Pour des distances supérieures, on doit utiliser d’autres relations, qui ont été découvertes et calibrées grâce aux Céphéides. Par ce travail capital, Henrietta Leavitt a donc ouvert la voie à l’étude physique des étoiles. L’article publiant la découverte est du 3 mars 1912, c’est une note de l’Observatoire Harvard, il est signé... Edward Pickering ! Cependant, ce dernier a eu un grand mérite : celui de construire les projets, et d’embaucher du personnel pour le mener à bien.

Cecilia Payne-Gaposchkin

Cecilia Payne est née le 10 mai 1900 à Wendover (Angleterre) et décédée le 7 décembre 1979 à Cambridge (Massachusetts).

Au cours de sa thèse elle montre, en s’appuyant sur les travaux de Saha, que les classes spectrales définies par Annie Jump Cannon correspondent à des différences de température. Elle a découvert que ces différences proviennent de différents degrés d’ionisation et non de changements de composition chimique. Elle montre que les étoiles sont composées essentiellement d’hydrogène, puis d’hélium, et que les autres éléments sont en mêmes faibles proportions.

En 1924, elle a écrit un article donnant ces résultats, article refusé par Henry Russel : celui-ci croyait que les étoiles devaient avoir une composition chimique semblable à la Terre ! Il a reconnu quatre ans plus tard que Cécilia Payne avait l’antériorité de cette découverte, en publiant un article sur le sujet. Mais ce résultat est souvent attribué à Russel plutôt qu’à Cécilia Payne.

Adelaïde Ames

Adelaïde Ames est née le 3 Juin 1900 à Rock Island, et décédée en 1932. C’est une astronome américaine connue notamment pour avoir intégré le programme de recherche d’Harvard sur les galaxies.

Elle a catalogué, avec Harlow Shapley, un grand nombre de galaxies, notamment celles présentes dans les amas de Coma et de la Vierge. Celles-ci sont recueillies dans le « Catalogue Shapley-Ames » qui comporte 1 249 galaxies dont les magnitudes vont jusqu’à 13,5 et qui ont été mises à jour et sont encore utilisées aujourd’hui.

 

 

Henrietta Hill Swope

Henrietta Swope est née le 26 october 1902 à St. Louis (Missouri), et décédée le 24 november 1980 à Pasadena (Californie).

Elle s’est engagée dans l’équipe féminine de Harlow Shapley en 1926, pour rechercher des étoile variables dans la Voie Lactée.

À partir de 1952, elle a travaillé, jusqu’à sa retraite en 1968, avec Walter Baade à Carnegie (Washington), sur les étoiles variables découvertes dans d’autres galaxies par le télescope Hale du Mont Palomar (5 m de diamètre).

Elle a légué une somme d’argent à l’institution Carnegie pour développer ses recherches dans l’hémisphère sud. Un télescope de 1 m de diamètre a été installé à l’observatoire de Las Campanas au Chili. C’est un Ritchey-Chrétien ayant un champ de 3°.

Margaret Burbidge

Eleanor Margaret Peachey est née le 12 août 1919 à Davenport, et décédée le 5 avril 2020 à San Francisco. Elle a été naturalisée américaine en 1977.

Après ses études, elle a commencé à travailler sur les galaxies. Une bourse de Carnegie lui a été refusée parce que les boursiers devaient travailler à l’observatoire du Mont Wilson, réservé aux hommes...

En 1948, elle épouse l’astronome Geoffrey Burbidge, et en 1953 elle commença à travailler avec lui, William Fowler et Fred Hoyle. D’après les initiales de ses membres, ce groupe a pris de nom de B2FH.

En 1957, ce groupe a publié un article resté célèbre, et connu sous le nom d’article B2FH. Il a jeté les bases de la nucléosynthèse stellaire, en expliquant comment fonctionnaient les étoiles, et les divers éléments qu’elles synthétisaient au cours de leur vie, dans chacune de ses étapes. Ont été expliquées ainsi les abondances de tous les éléments jusqu’au fer, au moins pour certains isotopes (les autres isotopes sont produits pas des réactions de spallation dans le milieu insterstellaire ou d’addition de neutrons. Les éléments plus lourds sont synthétisés dans les phases explosives).

Cet article a donc été une véritable percée dans les compréhension de l’Univers.

Vera Rubin

Vera Cooper est née le 23 juillet 1928 à Philadelphie et décédée le 25 décembre 2016 à Princeton.

Elle a épousé Robert Rubin en 1948, alors qu’elle n’avait que 19 ans. Avec son mari, ils suivent les cours de physique de Richard Feynman et Hans Bethe. Pour son diplôme de fin d’étude, elle a étudié les vitesses des galaxies, sujet encore délaissé à l’époque. Elle a présenté ce travail à la Société Américaine d’Astronomie à Haverford en décembre 1950. Il a été fort mal accueilli, car elle énoncait des idées assez révolutionnaires.

En 1951, ils déménagent à Wasington. Elle s’incrit à l’université de Georgetown pour préparer un doctorat. Son mari travaille avec Ralph Alpher, lequel lui présente George Gamow. Elle demande alors à Gamow de superviser sa thèse.

En 1962, avec 6 étudiants, elle publie un article sur les courbes de rotation des galaxies, d’après une analyse des étoiles cataloguées. Elle y montre que la courbe de rotation est plate au-delà du disque d’étoiles dense, alors qu’on attendait une décroissance képlérienne. En février 1970, dans l’Astrophysical Journal elle publie Rotation of the Andromeda nebula, étude de la courbe de rotation de cette galaxie proche.

Dans les années 70, elle travaille sur la vitesse de récession des galaxies lointaines, pour vérifier le principe cosmologique. Avec sa fille Judy, et Kent Ford, elle publie en 1973 les premiers résultats qui montrent une forte anisotropie des vitesses de récession. Elle les confirme en 1976 avec Kent Ford. Cette anisotropie est appelée effet Rubin-Ford. Malgré des erreurs de mesure, elle a détecté pour la première fois les mouvements d’ensemble de notre Groupe Local.

À la fin de sa carrière, elle a découvert que certaines étoiles de la galaxie NGC 4550 tournaient dans un sens, et le reste dans l’autre ! Elle a en conclu que cette galaxie était le résultat de la fusion de deux galaxies disques, ce qui a été vérifié plus tard.

Carolyn Shoemaker

Carolyn Jean Spellmann est née le 24 juin 1929 à Gallup (États-Unis), et décédée le 13 août 2021 à Flagstaff. Elle a épousé le géologue Eugène Schoemaker en 1951.

Elle ne se tourne vers l’astronomie qu’en 1979, pour trouver des objets à fort mouvement propre par stéréoscopie. En 1982, avec son époux, elle monte un projet de recherche d’objets géocroiseurs. Ils en ont découvert quelque 900. Ils ont montré que des objets célestes pouvaient impacter la Terre.

Carolyn s’intéresse particulièrement aux comètes. Elle en découvre 32, certaines en collabortion avec Henry Holt et/ou David Levy. Elle est surtout célèbre par sa découverte de la comète Shoemaker-Levy 9, qui a terminé sa course dans l’atmosphère de Jupiter. Cet impact (en fait 21 fragments ont touché la planète, car les forces de marées de Jupiter l’avaient brisée bien avant) a été l’occasion d’étudier la réponse de l’atmosphère de Jupiter à un apport d’énergie important.

Jocelyn Bell

Susan Jocelyn Bell est née le 15 juillet 1943 à Belfast (Irlande du Nord).

Elle débute sa thèse en 1969, à Cambridge sous la direction d’Antony Hewish. Ils construisaient un radiotélescope pour étudier les quasars, qui avaient été découverts dans le domaine radio. En 1967, en dépouillant des kilomètres de signal (produit à raison de 29 m par jour), elle a vu des impulsions régulières, avec une période d’une seconde à peu près. Ceci était tout à fait inhabituel : une telle régularité n’existait pas dans la nature avec une période aussi faible. À tel point que la source a été nommée LGM 1, pour... Little Green Men 1 !

Après analyse plus approfondie, la source a été comprise comme une étoile à neutrons tournant très vite, et émettant un faisceau radio qui balaye la Terre à intervalles réguliers. Cet astre pulsant a reçu le nom de pulsar, mot créé sur le modèle de quasar.

En 1974, le prix Nobel a été décerné, pour cette découverte, à... Antony Hewish ! Sans doute par ce que Jocelyn Bell n’était qu’étudiante... On peut noter que la découverte de 51 Peg b, la première exoplanète, a été faite par Michel Mayor et son étudiant en thèse, Didier Queloz. Et là, le prix Nobel de physique en 2019 a bien été attribué aux deux. Sa position d’étudiant n’a pas joué contre lui ! Et le comité Nobel a tiré les conséquences de la polémique qui a éclaté suite à sa décision de 1974.

Svetlana Guerasimenko

Svetlana Ivanovna Guerasimenko est née le 23 février 1945 à Baryshevka (Ukraine, alors en Union Soviétique).

Étudiante, elle prend, dans la nuit du 11 au 12 septembre 1969, des photos de la comète 32P/Comas Solá. Elle remarque sur les clichés un point mobile, qu’elle identifiera avec le professeur Klim Tchourioumov, à une nouvelle comète. Celle-ci sera nommée comète Tchourioumov-Guerasimenko. En 2014, la sonde européenne Rosetta a été dirigée vers cette comète, pour l’accompagner autour d’une orbite presque complète.

 

 

 

L’apport des femmes

Que ce soit au XVIIe, XVIIIe ou dans la première moitié du XXe siècle, on voit que les femmes sont le plus souvent des assistantes. Ce sont les hommes qui avaient les moyens de créer des équipes, au sein desquelles elles ont travaillé. Les tâches confiées aux femmes étaient en général routinières, monotones, réputées peu intéressantes.

Elles étaient pourtant indispensables pour extraire les données scientifiques pertinentes à partir des observations. Les grandes découvertes, qu'il fallait déduire patiemment dans cette masse d'information, leur ont été en quelque sorte réservées ! Au début du XXe siècle, ce sont les femmes qui ont réalisé la plupart des travaux les plus importants : relation période-luminosité, types spectraux, classes de luminosité, composition des étoiles, courbes de rotation des galaxies, nucléosynthèse stellaire... Ceci est normal, car ce sont les débuts de l’astrophysique, on est en terrain vierge, et l’observation est la clé du succès.

Williamina Fleming a classé les étoiles dans un système alphabétique, qui s’est avéré insatisfaisant dans le détail, mais a été conservé dans le principe. C’est la classification spectrale des étoiles.

Annie Jump Canon a remis de l’ordre dans ce classement, qui a donné la notion de type spectral. C’est la base du classement actuel.

Antonia Maury a différencié les étoiles en fonction de leur luminosité, en créant les classes de luminosité (naines blanches, naines, géantes, supergéantes etc.).

Ensemble, elles ont donc posé toutes les bases de l’astrophysique stellaire. Type spectral et classe de luminosité sont quasiment les deux coordonnées du diagramme Hertzprung-Russel. Il ne manquait plus que le fonctionnement des étoiles.

Henrietta Leavitt a découvert la relation période-luminosité des Céphéides, permettant la mesure des distances. Grâce à elle, Hubble a montré que ceraines nébuleuses sont des galaxies. Puis de proche en proche, on a pu mesurer l’ensemble de l’Univers.

Margaret Burbidge a participé à la compréhension de la physique des étoiles.

Vera Rubin a étudié les courbes de rotation des galaxies, confirmant le problème dont la solution pourrait être la matière noire...

Que serait l’astophysique aujourd’hui, sans l’intervention de ces femmes ? Leurs découvertes auraient été faites par d’autres probablement, mais nos connaissances ne seraient pas aussi avancées. N’oublions quand même pas qu’elles ont travaillé en équipe, et que leurs équipes étaient dirigées par des hommes, auxquels on accordait les moyens instrumentaux et financiers nécessaires. Ils ont tout de même le mérite d’avoir formé ces équipes gagnantes.

Bibliographie

L’Astronomie au féminin, Yaël Nazé, 2008

Getting started in radioastronomy, Steven Arnold, Spinger 2014

Harvard College Observatory, circular 173.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_femmes_astronomes

Astronomie des Dames, Colette Le Lay, in Femmes des Lumières, Dix-huitième Siècle, n°36 2004. En ligne sur Astronomie des Dames

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